Les industriels haïtiens misaient sur la prolongation par le Congrès américain de ces dispositifs de soutien au secteur textile d’Haïti. Mais en raison du tumulte budgétaire survenu à Washington la semaine dernière, ces textes ont dû être mis de côté alors que leurs effets expirent en septembre 2025. Si l’extension des programmes HOPE et HELP a bien été éclipsée en raison de l’actualité politique américaine, cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient enterrés, précise l'économiste haïtien Enomy Germain : « La loi arrivera à expiration en septembre 2025. Il y a encore des possibilités de renouvellement, mais évidemment, la situation politique sera beaucoup plus difficile avec Donald Trump pour qui c’est avant tout "l’Amérique d’abord". Les autres pays compteront un petit peu moins pour lui. Mais pour l'instant, on n'en est pas encore là. »L’Association des industries d’Haïti promet de poursuivre ses efforts pour remettre à l'agenda la législation qui prolongerait HOPE-HELP, des textes considérés comme cruciaux pour l’économie du pays, souligne Enomy Germain : « Ce serait extrêmement dommageable pour Haïti, ce serait une situation de non-assistance à pays en danger de la part des États-Unis d'Amérique. Après le secteur public, le secteur textile est le plus important du pays en matière d'emplois. On a perdu plus de trente mille emplois au cours des trois dernières années dans le secteur de la sous-traitance, qui est favorisé par les États-Unis à travers la loi HOPE. Si ça ne se renouvelle pas, c'est un pays qui va continuer à s’effondrer davantage étant donné qu'absolument plus rien ne va rester. »Haïti exporte un milliard de dollars de marchandise vers les États-Unis chaque année et 90% proviennent de la sous-traitance. Enomy Germain plaide depuis des années pour une diversification de l'économie haïtienne, mais elle ne se fera pas sans un ingrédient essentiel : « Pour arriver à développer l'économie en Haïti, on a besoin d'une situation de stabilité. Il ne faut pas oublier que, dans le passé, ça a été un pays qui était à l'avant-garde touristique dans la Caraïbe. Aujourd'hui, nous sommes les derniers. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous n’avons pas de stabilité politique, et pour moi le devoir numéro un reste le devoir de la stabilité politique et sociale. »À cause de l'insécurité et de l'instabilité politique, plusieurs sites industriels du pays ont dû réduire leur activité et licencier du personnel ces dernières années à commencer par le parc industriel de Caracol dans le nord d'Haïti, financé par les États-Unis et longtemps symbole d'espoir de progrès économique pour les Haïtiens.Le bilan du massacre de Wharf Jérémie revu à la hausseOn savait le décompte encore provisoire, les Nations unies ayant avancé dans un premier temps le chiffre de 184 morts. L’ONU parle désormais d'au moins 207 victimes en moins d'une semaine, entre le 6 et le 11 décembre 2024. Le Binuh (Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti) confirme que des centaines de civils ont été enlevés, rassemblés, interrogés puis exécutés. Et que le